Les personnes qui sont stressées par leur travail peuvent respirer : il est peu probable que tout ce stress professionnel augmente leur risque de cancer, d’après une étude Européenne publiée dans le British Medical Journal (BMJ) [1]. Environ 90% des cancers sont associés à des expositions environnementales, et tandis que certaines expositions sont bien reconnues, comme les rayonnements UV ou le tabac, d’autres ne le sont pas comme des facteurs psychologiques tels que le stress.

Des chercheurs ont analysé des informations provenant de 12 études déjà publiées qui ont impliqué plus de 116000 employés de Finlande, de France, des Pays-Bas, de Suède, du Danemark et du Royaume-Uni. Les participants des études, qui étaient âgés de 17 à 70 ans, ont évalué les exigences mentales des emplois qu’ils occupaient tout comme la quantité de contrôle qu’ils avaient au travail.

Les chercheurs ont ensuite examiné les enregistrements des hôpitaux et les registres des décès afin de déterminer les diagnostics de cancers. Sur la période étudiée de 12 années, 5765 personnes (soit 5%) ont développé des cancers colorectaux, des poumons, du sein ou de la prostate.

Aucun lien n’a été trouvé entre des niveaux importants de tension professionnelle (définie comme étant une exigence élevée au travail sur laquelle on a peu de contrôle) et le risque global de cancer. Il n’y avait pas non plus d’association entre le stress professionnel et chacun des quatre cancers étudiés.

Les chercheurs ont pris en compte des facteurs qui pouvaient affecter l’association entre le stress mental et le risque de cancer, comme l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, le statut socio-économique (basé sur l’intitulé de l’emploi ou le niveau d’éducation), le tabagisme et la consommation d’alcool.

“Bien que le fait de réduire le stress au travail améliorerait indubitablement le bien-être psychologique et physique des travailleurs, il est peu probable que cela ait un impact important sur la charge des cancers au niveau de la population globale”, écrivent les chercheurs.

Le stress mental peut augmenter l’inflammation dans le corps, qui en retour pourrait jouer un rôle dans le développement du cancer, disent les chercheurs. Mais des recherches précédentes sur un lien entre le stress et le cancer n’ont pas été concluantes. En revanche, les études passées ont trouvé un lien entre le stress au travail et une augmentation du risque de crises cardiaques et des attaques. Ajoutons que les individus stressés sont plus susceptibles de fumer, de consommer de l’alcool et d’être obèses, tous connus pour être des facteurs de risque du cancer ou de maladies cardiovasculaires.

Cette étude n’a pas abordé le problème de savoir si le stress mental venant d’autres causes, comme des événements stressants de la vie ou l’insécurité de l’emploi, pouvaient être liés au cancer, ni si le stress professionnel était associé au risque d’autres types de cancers non évalués dans cette étude. L’étude n’a pas non plus évalué la durée du stress au travail, ainsi est-il possible qu’une exposition au stress professionnel à long terme puisse affecter le risque de cancer.

Références :

[1] Work stress and risk of cancer : meta-analysis of 5700 incident cancer events in 116000 European men and women. British Medical Journal.

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