D’après les résultats d’une étude [1], les participants Français au Tour de France entre 1947 et 2012 ont vécu ou vivent plus longtemps que leurs homologues Français du même âge.

“Dans le contexte des récents événements en ce qui concerne les affaires de dopage et les effets négatifs potentiels pour la santé d’une activité physique de haut niveau, les données et les causes des décès à long terme chez les cyclistes d’endurance de haut niveau est d’un intérêt tout particulier” explique le Dr Xavier Jouven, du Centre d’Expertise de la mort subite de Paris.

“Bien que nos résultats soient, dans une certaine mesure, rassurants étant donné qu’aucun décès n’a été observé depuis 1990, nous devons rester prudents car nous ne pouvons pas directement évaluer le danger potentiel du dopage à travers nos analyses et résultats”.

L’étude a évalué 786 cyclistes Français qui ont participé au moins une fois au Tour de France entre 1947 et 2012, et les ont comparé à la population masculine Française du même âge. Les cyclistes ont participé à un total médian de 2,5 Tours de France, et ils ont été suivis pendant un temps médian de 37,4 années. Leur âge médian lors de leur première course était de 25 ans.

Un ratio de mortalité standardisé a été calculé sur la base du taux réel des décès des cyclistes comparés au taux de décès de la population masculine Française du même âge selon la Base de Données de la Mortalité Humaine.

Un ratio en dessous de 1 indique que les cyclistes ont un taux de mortalité plus faible que la population générale, tandis qu’un ratio au-delà de 1 indique une mortalité plus élevée. L’étude a trouvé que sur les 786 cyclistes étudiés, 208 (26%) sont décédés au 01 septembre 2012, c’est-à-dire un ratio de 0,59 et un taux de mortalité qui est 41% plus faible que dans la population générale.

Les deux causes principales de décès chez les cyclistes étaient les néoplasmes (32,2%) et les maladies cardiovasculaires (29%), survenant toutes deux moins fréquemment que dans la population générale (ratio de 0,56 et de 0,67 respectivement). Pour ce qui est des cancers, les 3 principaux diagnostiqués étaient les cancers des voies digestives (35%), du poumon (22%) et de la prostate (7%).

Pour la troisième cause de décès (15,8%), classée comme “externe” (principalement associée à des traumatismes) le ratio était de 1,06 ce qui veut dire qu’il est du même niveau que dans la population en général.

Les autres causes de décès comprenaient des maladies infectieuses (2,2%), des maladies endocrines et nutritionnelles (2,2%), neurologiques (2,2%), du système digestif (2,2%) et génito-urinaires (1,1%).

Le ratio des cyclistes était cohérent selon les différentes périodes de participation, correspondant à l’utilisation rapportée ou suspectée de cocaïne et d’amphétamines (1947 – 1970), de stéroïdes androgènes et anaboliques (1971 – 1990) et d’hormone de croissance et d’érythropoïétine – EPO (1991 – 2012) explique le Dr Jouven.

Les ratios étaient aussi cohérents selon les différents groupes d’âge, excepté pour le groupe d’âge de moins de 30 ans pour lequel un taux de décès plus élevé mais non significatif a été observé (1,65) comparé à la population globale. “Une fréquence particulièrement élevée des décès dus au trafic ou aux accidents de course a été enregistrée dans ce groupe d’âge” dit-il.

Références :

[1] Centenary of the Tour de France Group : Mortality of French Participants from the Tour de France 1947-2012. Hotline IV – Late Breaking Trials on Heart Failure and Acute Coronary Syndrome. ESC Congress 2013, Amsterdam.

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