En Chine, et de plus en plus ailleurs, l’exercice doux et méditatif qu’est le tai chi est vanté et utilisé pour prévenir des maladies, et tout particulièrement les maladies cardiovasculaires. Mais est-ce que ces exercices sont réellement efficaces ? Une analyse à partir de la base de données médicale Cochrane [1] a été réalisée pour le vérifier.

Les données ont été étudiées à partir d’études à la fois en Anglais et en langue Asiatique, tout comme à partir de registres d’essais et de listes d’études pertinentes. Aucune restriction de langue n’a été appliquée. Les études sur le tai chi qui ont été prises en compte étaient cliniques et randomisées, et avaient une durée minimum de trois mois, et ont impliqué des adultes en bonne santé ou des adultes avec un risque élevé de maladie cardiovasculaire.

Les groupes de comparaison n’ont, quant à eux, pas reçu d’intervention, ou bien celle-ci était minime. Les mesures du résultat étaient constituées des accidents cardiovasculaires survenus, ou des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire. Les études qui impliquaient d’autres interventions multifactorielles ou pour perdre du poids ont été exclues, pour se concentrer uniquement sur les études de tai chi. Deux analystes ont, en plus, sélectionné de façon indépendante les études à inclure dans cette analyse, ils ont analysé les données et évalué le risque de biais de chaque étude choisie.

13 études ont été identifiées pour un total de 1520 participants et trois autres études en cours. Toutes avaient au moins un point sur lequel il y avait un risque de biais, et certaines étaient même bourrées de défauts. La durée et le style du tai chi étaient différents selon les études. Sept études avaient recruté 903 participants en bonne santé, les autres études avaient recruté des individus souffrant d’hypertension, des personnes âgées avec un risque important de chute et des gens atteints d’un “syndrome de carence du yin dans le foie ou les reins” [sic] !

Aucune étude n’a rapporté la mortalité cardiovasculaire, la mortalité toute cause ni d’accidents non fatals étant donné que la plupart des études étaient à court terme. Il y avait aussi une forte hétérogénéité entre les études, ce qui signifie qu’il n’était pas possible de rassembler statistiquement toutes les études sur le risque cardiovasculaire. Neuf études ont mesuré la tension artérielle systolique, dont 6 d’entre elles ont trouvé une baisse de cette tension. Deux études n’ont pas trouvé de preuve claire d’une différence, et un essai a trouvé une augmentation de la tension artérielle avec le tai chi. Un schéma identique a été retrouvé pour la tension artérielle diastolique : trois études ont trouvé une baisse, alors que trois autres n’ont pas trouvé de preuve claire d’une différence.

Trois études ont rapporté les niveaux de lipides, dont deux ont trouvé une réduction du cholestérol, du LDL et des triglycérides, alors que la troisième étude n’a pas trouvé de preuve d’une différence entre les groupes en ce concerne les lipides. La qualité de la vie était mesurée dans une seule étude : le tai chi avait amélioré la qualité de la vie à trois mois. Aucun des essais n’a rapporté d’effets secondaires, de couts ni de fréquence du diabète de type 2.

À partir de ces résultats et données, on peut tirer les conclusions suivantes : il n’y a actuellement aucune étude à long terme qui ait examiné l’effet du tai chi sur la prévention des maladies cardiovasculaires. Étant donné les éléments de preuve limités disponibles à ce jour, aucune conclusion ne peut être tirée en ce qui concerne l’efficacité du tai chi sur les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Il y avait quelques suggestions d’effets bénéfiques du tai chi sur quelques facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, mais ceci n’était pas constant dans toutes les études.

Il y avait en outre une hétérogénéité considérable entre les études analysées, et celles-ci étaient petites avec de forts risques de biais. Les résultats des études en cours s’ajouteront aux éléments de preuve, mais il faudra d’autres études sur des durées plus longues et de meilleure qualité.

Ces résultats sont quelque peu décevants. Le tai chi pourrait peut-être apporter des bénéfices à la santé, mais qu’une baisse du risque de maladie de cœur en fasse partie est plus que douteux. Même si une réduction du risque était établie au-delà de tout doute, il faudrait se demander si son effet est plus important que n’importe quelle autre forme d’exercice physique régulier. Ce qui n’est sans doute pas le cas.

Références :

[1] Tai chi for primary prevention of cardiovascular disease. Louise Hartley, Nadine Flowers, Myeong Soo Lee, Edzard Ernst, Karen Rees. The Cochrane Library.

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