Les personnes qui reçoivent un traitement inerte pensent vivre des effets secondaires plus importants lorsque le faux médicament est étiqueté comme étant quelque-chose qui coute très cher.
Les chercheurs déclarent que les régions du cerveau qui sont responsables de cette cognition d’ordre supérieur peuvent influencer les sensations de douleurs primaires au niveau de la moelle épinière. Pour étudier les causes neurologiques de cet effet nocébo (dans lequel les individus participant aux essais cliniques rapportent parfois ressentir des effets secondaires bien qu’ils aient reçu des substances inactives), les chercheurs ont développé une méthode utilisant l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour mesurer simultanément l’activité de l’ensemble du système central de la douleur à travers le cortex, le tronc cérébral et la moelle épinière [1].
Pour le traitement nocebo, les scientifiques ont enrôlé 49 personnes dans une étude qui était supposée étudier une crème contre les démangeaisons qui, en réalité, ne contenait aucun ingrédient actif. Tous les participants ont été informés que la sensation accrue de douleur pouvait être l’un des effets secondaires de la crème (inerte). Un groupe de participants a reçu une information supplémentaire disant qu’ils allaient recevoir une pommade qui coutait très chère et l’autre groupe que leur pommade était bon marché. Les scientifiques ont, pour ce faire, créé deux emballages différents pour chaque baume, indiquant soit un prix élevé soit un prix assez bas.
Les personnes qui ont été traitées avec la pommade “couteuse” ont rapporté une plus grande réactivité dans les tests de tolérance à la chaleur, et les effets nocebo sont devenus plus prononcés dans le temps, ce qui veut dire qu’ils “ressentaient” plus d’effets secondaires avec le produit vendu comme “cher”. En outre, les chercheurs ont identifié des portions de la moelle épinière qui s’activaient durant la douleur due à l’effet nocebo, et ils ont déterminé que les sensations modifiées dues à la perception du prix étaient associées à des différences dans deux régions du cerveau, la substance grise périaqueducale et le cortex cingulaire antérieur rostral.
D’autres études avaient montré que l’activité était plus importante dans cette région du cerveau quand les gens expérimentaient un effet placebo, et quand leur préférence pour un produit, comme le vin par exemple, était dictée par sa valeur supposée. Mais surtout, les régions associées à la réaction de douleur ont affiché une plus grande activation dans le groupe de la crème “chère”, ce qui montre que ce n’était pas que dans la tête des volontaires : ils ressentaient véritablement plus de douleur que l’autre groupe.
Cette recherche vient s’ajouter à d’autres qui montrent que les attentes ont une grande influence sur la perception que les individus ont des effets secondaires d’un médicament. L’activation de la moelle épinière est particulièrement intéressante car nombreux sont ceux qui pensaient que les croyances et les perceptions n’affectaient pas les sensations nerveuses à ce niveau.
Références :
[1] Interactions between brain and spinal cord mediate value effects in nocebo hyperalgesia. Science, 2017 :
Vol. 358, Issue 6359, pp. 105-108.