Dans une analyse publiée dans le JAMA [1], qui comprend des données provenant de 9 études différentes, le fait d’avoir des mesures élevées en ce qui concerne la rapidité de la marche chez les adultes les plus âgés, était associé à une augmentation de la durée de vie.

“Les années de vie restantes diffèrent largement chez les adultes âgés, et les médecins devraient prendre en considération l’espérance de vie quand ils évaluent les objectifs de soins et les traitements. Cependant, l’espérance de vie reposant sur l’âge et le sexe seulement donne une information limitée parce que la longévité est aussi influencée par la santé et les aptitudes fonctionnelles” selon l’article. Il n’y a actuellement aucune approche bien établie pour prédire l’espérance de vie qui comprenne la santé et la fonction.

La vitesse de l’allure, ou la vitesse de la marche, a été recommandée comme étant un indicateur clinique du bien-être chez les adultes âgés potentiellement utile.

Le Dr Stephanie Studenski de l’Université de Pittsburgh et ses collègues ont dirigé une étude pour évaluer l’association de la vitesse du pas avec la longévité chez les personnes âgées, et pour déterminer le degré par lequel cette vitesse expliquait la variabilité dans ce taux de longévité après avoir pris en compte l’âge et le sexe. L’étude comprenait une analyse combinée de 9 études (collectées entre 1986 et 2000), en utilisant les données provenant de 34 485 adultes âgés de 65 ans et plus, avec des données sur leur rapidité de la démarche disponibles au début de l’étude, et suivies sur une durée entre 6 et 21 ans.

Les participants avaient un âge moyen de 73,5 ans ; 59,6% étaient des femmes, et 79,8% étaient de race blanche. La vitesse de leur pas était calculée pour chaque participant en utilisant la distance en mètres et le temps en secondes. Toutes les études ont utilisé les instructions pour marcher au rythme habituel et d’un point de départ convenu. La distance de marche variait entre 2,5 mètres et 6 mètres. La vitesse moyenne des participants était de 0,92 mètre par seconde.

Pendant la durée de l’étude, il y a eu 17528 décès. Le taux de longévité global sur 5 ans était de 84,8%, ce taux sur 10 ans était de 59,7%. Les chercheurs ont découvert que la vitesse de la marche était associée à des différences dans la probabilité de l’espérance de vie à tous les âges chez les deux sexes, mais était spécialement instructive après l’âge de 75 ans. A cet âge, le taux de survie à 10 ans prévu selon la gamme de vitesse allait de 19% à 87% chez les hommes, et de 35% à 91% chez les femmes.

“Les prévisions des années de vie restantes pour chaque sexe et âge augmentaient en même temps que la vitesse du pas augmentait, avec une vitesse de marche d’environ 0,8 mètre/seconde au niveau médian de l’espérance de vie à tous âges pour les deux sexes. Des vitesses de 1 mètre/seconde ou plus démontraient de façon constante un taux de longévité plus long que s’ils étaient seulement prédits par l’âge ou le sexe.

Dans cette population de personnes âgées, la relation entre la rapidité du pas et l’espérance de vie était logique dans les groupes d’âge, mais le nombre absolu de durée d’années de vie restante était plus grand aux âges les plus jeunes” notent les auteurs.

Les chercheurs ont aussi découvert que les prévisions de l’espérance de vie à partir de l’âge, du sexe et de la vitesse de l’allure était aussi précises que les prévisions basées sur l’âge, le sexe, le recours aux aides à la mobilité et la fonction rapportée ou que l’âge, le sexe, les maladies chroniques, le passé tabagique, la tension artérielle, l’indice de masse corporelle et les hospitalisations.

Les auteurs suggèrent qu’il y a plusieurs raisons expliquant pourquoi la vitesse de la marche pouvait prédire l’espérance de vie. “Marcher exige de l’énergie, un contrôle du mouvement, un soutien et des exigences sur de multiples organes comme le cœur, les poumons, le système circulatoire, nerveux et musculo-squelettique. Une allure ralentie pourrait refléter des systèmes altérés et un cout énergétique élevé pour la marche.”

Les chercheurs écrivent qu’il y a de nombreuses façons par lesquelles cette vitesse pourrait être utilisée cliniquement, comme pour aider à identifier les personnes âgées qui ont une forte probabilité de vivre 5 ou 10 ans de plus, et qui pourraient être des cibles appropriées dans le cadre d’interventions préventives qui exigent plusieurs années avant d’en tirer un bénéfice.

La vitesse de la marche pourrait être utilisée pour identifier les personnes âgées ayant un risque de mortalité plus précoce, peut-être celles avec une vitesse inférieure à 0,6 mètre/seconde. “Chez ces patients, un examen plus poussé visera à détecter les risques éventuels, et à les modifier.” La vitesse du pas peut aussi être enregistrée dans le temps, un déclin indiquant un problème de santé nouveau qui exigerait une évaluation.

Les auteurs de conclure : “les données que nous avons collectées ont pour but d’aider les cliniciens et personnels de santé qui cherchent des indicateurs de santé et d’espérance de vie chez les personnes âgées. La vitesse de la démarche a le potentiel d’être mise en pratique, en utilisant simplement un chronomètre et une longueur de 4 mètres. Il suffira alors aux patients de marcher à leur rythme normal, comme s’ils marchaient dans la rue, sans leur donner aucune autre instruction ni encouragement. La vitesse de marche pourrait être un indicateur simple et accessible de la santé des personnes âgées.”

Bien entendu, aucune preuve ne supporte l’hypothèse qu’une amélioration de cette vitesse est associée à une meilleure santé, la vitesse de déplacement ne peut pas être considérée comme une cible principale pour une intervention. Elle représente seulement un marqueur global d’un état de santé donné, et son évaluation chez les personnes âgées, peut avoir un rôle clinique.

Références :

[1] Gait Speed and Survival in Older Adults. JAMA. 2011 ;305[1]:50-58

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