Une revue élargie de l’International Menopause Society a trouvé que le fait de passer par l’inévitable étape de la vie qu’est la ménopause ne fait pas grossir les femmes. Cependant, les changements hormonaux qui surviennent à cette période de l’existence sont associés à des modifications de la façon dont la graisse est répartie dans le corps, ce qui provoque une augmentation de la présence de graisse dans le ventre (graisse abdominale).

L’International Menopause Society a fait un état de la connaissance scientifique à ce jour sur la prise de poids associée à la ménopause. Leur compte-rendu a été publié dans le journal Climacteric [1].

Le fait d’être en surcharge pondérale ou obèse est un problème majeur pour de nombreuses femmes, et à partir de 40/45 ans, les femmes tendent à prendre en moyenne 0,5 kg par an. Cela peut avoir des conséquences importantes, car le fait d’être en surpoids ou obèse est associé à tout un ensemble de conditions médicales comme la dépression, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et le diabète.

Les taux d’obésité ont pratiquement doublé depuis 1980, notamment dans les pays Occidentaux. Il y a de nombreuses raisons à cette augmentation, et pas seulement des raisons liées au style de vie. En général, il y a plus de femmes obèses que d’hommes obèses, et les fluctuations des hormones sexuelles ont été proposées comme explication de cette prise de poids. Le groupe de chercheurs a pris en compte les éléments de preuves expliquant pourquoi les femmes prennent du poids autour de la ménopause. Ils ont trouvé que la prise de poids absolue est déterminée par des facteurs non hormonaux, plutôt que la ménopause elle-même.

L’élément clé découvert était que la manière dont la graisse est déposée change à la ménopause, des études indiquent que cela est dû à la chute des niveaux d’œstrogène à la ménopause. Que les femmes prennent du poids ou non vers leur quarantaine, après la ménopause, elles subissent un déplacement de leurs stocks de graisses vers leur abdomen.

Selon l’auteure principale de l’analyse, le Professeur Susan Davis de l’Université de Melbourne : “c’est un mythe de croire que la ménopause cause une prise de poids chez les femmes. C’est seulement une conséquence de facteurs environnementaux et ceux liés à l’âge qui cause cela. Mais il n’y a pas de doutes que cette nouvelle roue de secours dont se plaignent de nombreuses femmes après la ménopause est réelle, et non une conséquence des changements qu’elles ont opérés. C’est plutôt la réaction du corps à la chute des oestrogènes à la ménopause : un déplacement du stockage de la graisse des hanches vers le tour de la taille”.

La revue note aussi que l’augmentation de la graisse abdominale accroit le risque de future maladie métabolique, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires chez les femmes ménopausées. Il a été aussi noté que contrairement à l’opinion populaire, les thérapies par œstrogènes ne font pas grossir les femmes. Il y a de bons éléments de preuve montrant que ces thérapies empêchent la graisse abdominale d’augmenter après la ménopause.

Le groupe de recherche invite les femmes à être plus conscientes des problèmes associés à une prise de poids excessive, et de prendre des mesures le plus tôt possible pour s’assurer qu’elles ne prennent pas trop de poids après la ménopause.

Le Professeur Davis d’ajouter : “Ce que cela veut dire pour être concret, c’est que les femmes qui arrivent à la ménopause devraient commencer par essayer de contrôler leur poids avant que cela devienne un problème, ainsi, si vous ne prenez pas soin de vous avant la ménopause, vous commencerez certainement à le faire quand le problème sera déjà présent. Cela signifie pour toutes les femmes d’être attentives à ce qu’elles mangent, et pour beaucoup de rester active tous les jours. La thérapie hormonale par oestrogènes peut aussi aider. Mais chaque femme est différente, ainsi, à la ménopause, il est important de parler de sa santé avec son médecin”.

Le Président Tobie de Villiers, conclut : “prendre du poids est un facteur de risque majeur pour tout un ensemble de maladies, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires. Les maladies de cœur sont de loin le tueur en série numéro un des femmes après la ménopause, et ce risque est augmenté par un poids excessif. Les femmes doivent être conscientes de cela, surtout à la ménopause quand les niveaux d’oestrogènes chutent. Une femme doit ajuster son style de vie pour s’assurer une vie saine après la ménopause. En fait, je dirais qu’une femme devrait utiliser la ménopause comme un marqueur, une raison de revoir globalement son état de santé, et prendre des décisions en conséquence”.

Références :

[1] Understanding weight gain at menopause, authors S. R. Davis, C. Castelo-Branco, P. Chedraui, M. A. Lumsden, R. E. Nappi, D. Shah, P. Villaseca, Climacteric, Oct. 2012, Vol. 15, No. 5 , Pages 419-429.

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