Cela dépend de quels muscles ou tendons il est question.

La souplesse est un sujet brûlant pour les coureurs. On pensait que c’était toujours mieux d’être souple. Ces dernières années cependant, il y a eu un revirement avec des preuves qui ont montré que les coureurs plus raides (mesurés par des tests) avaient une meilleure économie de course, et que le fait de faire des étirements avant de courir les ralentissait. L’idée est que les muscles et les tendons dans nos jambes agissent comme des ressorts, en stockant et en libérant l’énergie avec chaque enjambée, et qu’un ressort “plus ferme” pouvait stocker plus d’énergie.

Cette théorie est séduisante, mais ce serait une erreur de croire que le problème est définitivement réglé. Il y a beaucoup de muscles et de tendons dans les jambes, chacun avec différents rôles, et qui sont affectés de différentes manières par la demande de la course à pieds. Deux études de l’Université de Tokyo ont illustré toute la complexité de ce problème.

Dans le journal Biomechanics [1], les chercheurs ont comparé les muscles fléchisseurs plantaires (les muscles des mollets) de 20 coureurs sur longue distance bien entrainés (qui couraient en moyenne les 5000 mètres en 14,26 minutes) avec 24 personnes non-entrainées. L’une des différences les plus manifestes entre les deux groupes se situait dans la souplesse musculaire :


L’axe vertical du graphique indique la quantité de force qu’il faut pour étirer le muscle sur une distance donnée. Pour les coureurs, affichés par les carrés vides, il faut plus de force pour étirer les muscles : c’est-à-dire que les muscles de leurs mollets étaient plus raides. Ceci est sans doute une réaction due à des années d’entrainement, mais il y a aussi des preuves montrant que des facteurs génétiques prédisposent certaines personnes à avoir des muscles plus raides, et ces personnes pourraient subir une sorte de “sélection naturelle” pour devenir coureurs.

L’autre étude, publiée dans l’European Journal of Applied Physiology [2], a analysé la souplesse des tendons (plutôt que celle des muscles) dans un groupe de 64 coureurs bien entrainés (moyenne de 14,54 min pour courir 5000 mètres, en allant de 14,11 min à 16,15 min). Dans ce cas, ils ont examiné à la fois les muscles extenseurs du genou (i.e. les tendons attachés aux quadriceps) et les fléchisseurs plantaires (par ex. le tendon d’Achille), et ont trouvé deux modèles différents.

Voici comment la raideur du tendon variait pendant une course de 5000 mètres, pour les extenseurs du genou (en haut) et les fléchisseurs plantaires (en bas) :


Les analyses statistiques montrent que les coureurs les plus rapides tendaient à avoir des extenseurs du genou plus raides et des fléchisseurs plantaires moins raides – le contraire que ce que des études précédentes avaient trouvé. La conclusion qu’il est possible de tirer de ces données est que simplement dire qu’être plus souple signifie que les “ressorts” stockent moins d’énergie n’est pas si évident que cela. D’autres études [3], ont d’ailleurs trouvé que des étirements dynamiques avant de courir amélioraient la performance.

Références :

[1] Passive and active muscle stiffness in plantar flexors of long distance runners. Kubo K, Miyazaki D, Yamada K, Yata H, Shimoju S, Tsunoda N. J Biomech. 2015. pii : S0021-9290(15)00228-6.

[2] Eur J Appl Physiol. 2015. Relationship between elastic properties of tendon structures and performance in long distance runners. Kubo K, Miyazaki D, Shimoju S, Tsunoda N.

[3] J Strength Cond Res. 2015. Acute effect of dynamic stretching on endurance running performance in well-trained male runners. Yamaguchi T, Takizawa K, Shibata K.

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