Ce n’est pas seulement une histoire de genoux ni de hanches.
En vieillissant, différents muscles et articulations comment à fonctionner moins efficacement. Mais quels sont les muscles clés qui importent le plus quand il s’agit de courir ou de marcher ? C’est la question que se sont posés des chercheurs de l’Université de Jyväskylä en Finlande pour concevoir une étude publiée dans le Journal of the Royal Society : Interface [1].
Pour répondre à cette question, ils ont rassemblé trois groupes de coureurs (13 dans chaque groupe) qui étaient âgés en moyenne de 26 ans, 61 ans et 78 ans. Ils ont ensuite analysé leur biomécanique pendant qu’ils marchaient, pendant qu’ils courraient (à environ 4:10 par km), et sprintaient à fond, en analysant les changements dans le mouvement et les forces des chevilles, des genoux et des hanches. Voici un échantillon des données qui affiche la puissance moyenne de la cheville et des genoux pour chaque enjambée pour la marche (au-dessus), la course (milieu) et le sprint (en bas) :
Si l’on regarde d’abord les données concernant les genoux, on peut voir qu’il n’y a pas de différence significative entre les groupes d’âge à quelque niveau que ce soit. Cela suggère que les muscles affaiblis autour des genoux n’apparaissent pas être un facteur limitant pour les coureurs les plus âgés. Il en est de même pour les hanches (données non affichées). Les chevilles, en revanche, révèlent une histoire tout à fait différente. Même quand il marche, le groupe le plus âgé n’est pas capable de produire autant de puissance dans les chevilles, ce résultat est cohérent avec des études précédentes. La différence est même encore plus prononcée dans la course à pieds et la marche : plus on est vieux, moins on est capable de délivrer de la puissance dans les chevilles.
Pourquoi les chevilles semblent être si uniques ? L’une des possibilités, que les auteurs mentionnent, a un rapport avec le fait que les muscles qui sont situés tout autour des genoux et des hanches tendent à être gros et puissants, alors que les muscles qui sont situés autour des chevilles sont plus petits. Cela veut dire que pendant la marche ou la course, vous utilisez généralement un pourcentage plus important de votre force maximale au niveau des chevilles que du genou ou des hanches. Cela signifie qu’en vieillissant, quand on commence à perdre du muscle à travers tout le corps, la cheville est susceptible de devenir un facteur limitant beaucoup plus tôt que les autres articulations.
Alors quelle est la solution ? Une possibilité simple et évidente est de passer un peu de temps et d’énergie à renforcer les muscles qui assistent la flexion plantaire de la cheville, en faisant par exemple régulièrement des exercices de musculation pour les mollets (flexions/élévations). Bien entendu, il est prématuré de commencer à concevoir des programmes d’exercices sur une seule étude biomécanique. Il sera intéressant de voir si les chercheurs confirment ces données avec une étude sur des sportifs à l’entrainement, pour voir quels effets le renforcement des chevilles a sur l’atténuation du déclin de la vitesse de la marche et de la course en vieillissant.
Références :
[1] Which muscles compromise human locomotor performance with age ? Juha-Pekka Kulmala, Marko T. Korhonen, Sami Kuitunen, Harri Suominen, Ari Heinonen, Aki Mikkola, Janne Avela. Royal Society.