Vous avez peut-être pris la bonne résolution de la nouvelle année d’aller vous inscrire dans une salle de sport afin de faire fondre ce petit ventre disgracieux. Mais vous êtes-vous déjà demandé comment l’activité physique produisait cet effet tant désiré ? Il s’avère qu’une molécule messager, appelée interleukine-6, joue un rôle critique dans ce processus.

Comme on pouvait s’y attendre, un programme d’entrainement cycliste de 12 semaines sur des adultes obèses a réduit leur graisse viscérale abdominale. Mais cet effet a été annulé chez les participants qui prenaient aussi du tocilizumab qui est un médicament prescrit pour traiter l’arthrite rhumatoïde mais qui bloque les signaux de l’interleukine-6 [1]. En outre, le tocilizumab augmente les niveaux de cholestérol quelle que soit l’activité physique pratiquée.

“Ce que le public doit retenir, c’est de faire de l’exercice,” explique l’auteure de l’étude. “Nous savons tous que l’exercice favorise une meilleure santé, et nous savons désormais qu’un entrainement physique régulier réduit la masse grasse abdominale et donc potentiellement aussi le risque de développer des maladies cardio-métaboliques.”

La graisse abdominale est associée à une augmentation du risque non seulement de maladies cardio-métaboliques, mais aussi de cancers, de démence et de moralité toutes causes. L’activité physique réduit les tissus de graisse viscérale qui entoure les organes internes dans la cavité abdominale, mais les mécanismes sous-jacents à cet effet n’étaient pas connus. Des chercheurs avaient proposé qu’une hormone appelée l’épinéphrine servait d’intermédiaire dans cet effet. Mais les chercheurs suspectaient que l’interleukine-6 jouait aussi un rôle important car elle régule le métabolisme énergétique, stimule la décomposition des graisses chez les gens en bonne santé et est aussi libérée par les muscles pendant l’exercice.

Pour mettre leur idée à l’épreuve des faits, les chercheurs ont réalisé une étude sur 12 semaines dans laquelle ils ont réparti au hasard des adultes obèses dans quatre groupes. Un total de 53 participants a reçu des infusions intraveineuses de tocilizumab ou une solution saline servant de placebo toutes les quatre semaines, associé à un entrainement de vélo de 45 minutes par semaine ou pas de sport du tout. Les chercheurs ont eu recours à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour évaluer la masse des tissus graisseux viscéraux au début et à la fin de l’étude.

Dans les groupes qui ont reçu le placebo, l’exercice a diminué la masse des tissus de graisse viscérale en moyenne de 225 grammes, ou 8 %, comparés aux groupes sans exercice. Mais le traitement par tocilizumab a éliminé cet effet. Dans les groupes faisant de l’exercice, le tocilizumab a aussi augmenté la masse de tissu adipeux viscéral d’environ 278 grammes comparé au placebo. En outre, le tocilizumab a augmenté le cholestérol total et le “mauvais” cholestérol LDL par rapport au placebo, à la fois dans les groupes ayant fait de l’exercice et ceux sans exercice.

Les auteurs précisent que cette étude était exploratoire et qu’elle n’avait pas pour objectif d’évaluer un traitement donné dans un cadre clinique. Pour compliquer les choses, l’interleukine-6 peut avoir des effets semblant opposés sur l’inflammation, cela dépendant du contexte. Par exemple, des petites élévations chroniques d’interleukine-6 sont constatées chez les patients souffrant d’obésité sévère, de diabète de type 2 et de maladie cardiovasculaire. “Les chemins des signaux dans les cellules immunitaires contre les cellules musculaires diffèrent substantiellement, ce qui a pour résultat des actions pro-inflammatoires et anti-inflammatoires, ainsi l’interleukine-6 pourrait agir différemment chez les gens en bonne santé ou malades,” expliquent les scientifiques.

Il reste aux chercheurs à tester la possibilité que l’interleukine-6 modifie soit les graisses soit les glucides qui sont utilisés pour produire de l’énergie sous différentes conditions. Ils vont aussi chercher à savoir si plus d’interleukine-6, délivrée sous forme d’injections, réduit la masse graisseuse viscérale toute seule. Il faut souligner que quand vous commencez à faire de l’exercice physique, vous pouvez augmenter votre poids de corps à cause d’une augmentation de la masse musculaire,” disent les chercheurs. “Ainsi, en plus de mesurer votre poids de corps total, il peut être utile et sans doute plus important, de mesurer la circonférence de la taille pour suivre la réduction de la masse graisseuse viscérale et pour rester motivé.”

Références :

[1] Anne-Sophie Wedell-Neergaard, Louise Lang Lehrskov, Regitse Højgaard Christensen, Grit Elster Legaard, Emma Dorph, Monica Korsager Larsen, Natja Launbo, Sabrina Ravn Fagerlind, Sidsel Kofoed Seide, Stine Nymand, Maria Ball, Nicole Vinum, Camilla Noerfelt Dahl, Marie Henneberg, Mathias Ried-Larsen, Janus Damm Nybing, Robin Christensen, Jaya Birgitte Rosenmeier, Kristian Karstoft, Bente Klarlund Pedersen, Helga Ellingsgaard, Rikke Krogh-Madsen. Exercise-Induced Changes in Visceral Adipose Tissue Mass Are Regulated by IL-6 Signaling : A Randomized Controlled Trial. Cell Metabolism, 2018.

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