Quel est le meilleur régime alimentaire pour conserver un poids de forme et éviter toute sorte de maladie chronique ? S’agit-il du régime faible en sucres, riche en sucre, composé uniquement de protéines, sans protéines, avec des fruits et légumes ou sans aucun légume, etc ?
Selon une publication du Journal of the American Medical Association (JAMA) [1], des chercheurs affirment que vous feriez mieux de laisser tomber le mot “régime”. Sherry Pagoto de l’Université du Massachusetts et Bradley Appelhans de l’Université Rush, lancent un appel en faveur d’un abandon pur et simple de la guerre des régimes, parce qu’ils sont tous aussi bons ou mauvais les uns que les autres pour ce qui est d’aider les gens dans leur quête d’un poids de forme.
Au final, les patients ont des idées confuses sur la primauté d’un régime sur un autre, disent-ils, quand en réalité des changements de leur style de vie, et non de leur type d’alimentation, sont les véritables moyens d’empêcher toute prise de poids et les maladies associées telles que le diabète et les maladies cardiovasculaires.
“La quantité de ressources dépensées pour étudier ’ce’ que nous devons ou non manger est incroyable, et des années de recherche indiquent que cela n’a finalement pas grande importance, tant que les calories globales sont réduites” explique Appelhans. “Ce qui importe est ’comment’ manger, tout comme d’autres choses dans le style de vie, comme l’activité physique et les comportements de soutien qui aident les individus à tenir bon sur le long terme”.
Les chercheurs citent de nombreuses études qui ne montrent qu’une réussite modérée avec ces différents types de régimes qui se focalisent sur les macronutriments : protéines, graisses ou hydrates de carbone ; mais quelque-soit le régime adopté, sans changement de son style de vie, les kilos reviennent.
Inversement, plusieurs grandes et récentes études, comme l’étude Finlandaise “Diabetes Prevention Study” et la Chinoise “Da Qing Diabetes Prevention Study”, ont trouvé que les participants de l’étude avaient perdu du poids et réduit leurs taux de diabète plusieurs années après la fin totale de l’étude car les sujets avaient appris comment perdre du poids en modifiant leur style de vie.
Le style de vie meilleur que le régime
Pagoto décrit les interventions sur le style de vie sous forme de triptyque : des conseils alimentaires (comment contrôler les portions, réduire les aliments richement caloriques et choisir un bon restaurant), des conseils sur l’exercice physique (comment atteindre ses objectifs, anticiper son rythme cardiaque et faire de l’exercice sans danger), et des modifications comportementales (comment s’auto-enregistrer, résoudre les problèmes, rester motivé et comprendre sa faim).
“Le ’régime’ utilisé dans les programmes du style de vie peuvent être faibles en graisse, faibles en sucres, etc. Cela n’a pas d’importance” dit-il. “En fait, au moins une étude a comparé un programme avec moins de graisse avec un autre comprenant peu de sucres, et cela n’a pas fait de différence. Le régime alimentaire en soi n’est pas un instrument de la réussite des programmes, c’est le chapitre comportemental qui est la clé de tout”.
Le chercheur est d’accord que l’alimentation végétarienne est associée à un risque plus faible de prise de poids et de maladie cardiovasculaire. Une étude massive qui a impliqué plus de 70000 Adventistes, publiée dans le JAMA [2], avait trouvé que les végétariens fidèles et les assimilés végétariens (qui mangent du poisson) vivaient plus longtemps que les mangeurs de viande. Mais cela ne veut pas dire qu’une alimentation végétarienne va suffire pour vous garder en bonne santé.
“L’adhésion est la clé de tout et la façon de réduire à néant une adhésion est de forcer quelqu’un à manger des aliments qu’il n’aime pas, qu’il ne sait pas préparer ou qu’il ne peut pas s’offrir” dit Pagoto.
Pourquoi les régimes ont tout faux
Les auteurs écrivent que le seul fait consistant dans toutes ces études sur les régimes est que l’adhésion est l’élément le plus solidement associé à la perte de poids et à la réduction du risque de maladie.
Ils relatent les cinq défis de tout régime qu’ils ont rencontré chez leurs patients : le manque de temps pour cuisiner ou pour faire de l’exercice physique ; le fait d’être trop stressé, d’avoir des membres de leur famille qui rapportent de la malbouffe à la maison ; de ne pas avoir de partenaire avec lequel faire du sport, ou de se sentir mal à l’aise en faisant de l’exercice ; et d’avoir faim tout le temps. Le ratio de la graisse sur les sucres et les protéines n’entre pas en ligne de compte.
La plupart de leurs patients obèses savent quels sont les aliments qui sont sains ou mauvais à la santé. Il leur faut donc travailler pour trouver des manières d’adopter des comportements sains réguliers, quelque-soit leur type d’alimentation. Les scientifiques précisent qu’il existe très peu de recherches sur l’adhésion en soi, comparées à celles concernant les régimes bidon.
De la même façon, la population dans son ensemble connait plus les nuances de ces différents régimes (Atkins, Ducan, protéinés, etc.), que les bases d’une adhésion efficace, ce qui est justement au centre de l’épidémie d’obésité.
Références :
[1] A Call for an End to the Diet Debates. Sherry L. Pagoto, Bradley M. Appelhans, JAMA, 2013 ;310(7):687-688. doi:10.1001/jama.2013.8601.
[2] Vegetarian Dietary Patterns and Mortality in Adventist Health Study 2. JAMA Intern Med., 2013 ;173(13):1230-1238. doi:10.1001/jamainternmed.2013.6473.