Les régimes yo-yo, qui sont une perte et un gain répétitifs de poids, sont un élément de vie très fréquent dans le monde Occidental, car on estime qu’ils touchent entre 10 et 40% de la population. Le degré par lequel cette perte de poids suivie d’une reprise de poids pouvait modifier le métabolisme ou contrarier la capacité d’un individu à maigrir sur le long terme demeurait quelque-chose d’assez obscure … jusqu’à maintenant.

Une étude de chercheurs du Centre de Recherche sur le Cancer Fred Hutchinson, publiée dans le journal Metabolism [1], a montré qu’un passé de régime yo-yo n’affectait pas négativement le métabolisme ni la capacité à perdre du poids sur le long terme.

“Le fait d’avoir vécu plusieurs épisodes infructueux de perte de poids ne devrait pas dissuader un individu de refaire des tentatives dans le futur pour éliminer les kilos en trop, ni de diminuer le rôle d’un régime sain et de l’activité physique régulière pour réussir à gérer son poids” explique l’auteure de l’étude, le Dr Anne McTiernan.

Deux tiers de la population américaine est en surcharge pondérale ou obèse, et on estime que presque la moitié des femmes américaines font actuellement un régime pour perdre du poids. L’obésité est un facteur de risque connu pour de nombreux cancers tout comme pour les maladies cardiovasculaires et le diabète. On pense qu’il y a une relation entre la graisse dans le corps et la production de certaines hormones et marqueurs inflammatoires qui contribuent à accroitre le risque de cancer.

“Nous savons qu’il existe une association entre l’obésité, la sédentarité et l’augmentation du risque de certains cancers” dit McTiernan. “L’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’un quart à un tiers des cancers pourraient être évités en conservant un poids de corps normal et un style de vie physiquement actif.”

L’étude repose sur les données provenant de 439 femmes en surcharge pondérale ou obèses, sédentaires, âgées entre 50 et 75 ans. Elles ont été réparties au hasard dans l’un des quatre groupes : un groupe qui suivait un régime hypocalorique seulement, un qui faisait seulement du sport (principalement de la marche rapide), un qui suivait un régime hypocalorique et qui faisait du sport et un groupe contrôle qui ne faisait rien. A la fin de l’étude d’une durée d’un an, les participantes qui n’avaient fait que suivre le régime et celles du groupe du régime plus le sport ont perdu en moyenne 10% de leur poids de départ, ce qui était l’objectif de l’intervention.

L’analyse visait à déterminer si les femmes qui avaient vécu dans le passé des cycles de perte et de reprise de poids, qu’ils soient sévères ou modérés, étaient désavantagées comparées aux femmes qui n’avaient jamais vécu ce genre de cycle et de yo-yo de leur poids, notamment quand il s’agissait de reperdre du poids. Parmi les participantes de l’étude, 18% (77 femmes) remplissaient les critères de cycle sérieux (elles ont rapporté avoir perdu 9 kilos ou plus en trois occasions ou plus) et 24% (103 femmes) remplissaient les critères d’un cycle modéré (elles ont rapporté avoir perdu 5 kilos ou plus en trois occasions ou plus).

Bien que celles qui avaient déjà vécu des yo-yo sérieux de leur poids étaient en moyenne plus lourdes d’environ 9 kilos que celles qui n’en avaient jamais vécu au début de l’étude, à la fin de l’étude les chercheurs n’ont trouvé aucune différence significative entre les femmes en ce qui concerne leur aptitude à réussir à maigrir en suivant les programmes/régimes imposés.

Celles qui avaient déjà vécu plusieurs cycles de perte et de reprise de poids ne différaient pas pour ce qui est de l’impact du régime, ou du régime plus de l’exercice physique, sur leur perte de poids, sur le pourcentage de graisse et de muscle perdu ou repris. D’autres facteurs physiologiques comme la tension artérielle, la sensibilité à l’insuline et les concentrations d’hormones dans le sang telles que la leptine (qui provoque la sensation de satiété) et d’adiponectine (qui permet de réguler les niveaux de glucose) ne différaient pas parmi celles dont le poids avait déjà fluctué et les autres.

Ces résultats confirment donc que l’effet yo-yo de certains régimes qui ne marchent pas sur le long terme (comme les régimes Dukan, Atkins, D’Adamo, etc.) n’a pas d’impact définitif sur le futur des femmes qui désirent reprendre leur corps en main, ni sur les chances de réussite des régimes (plus sérieux et efficaces) qu’elles envisageraient de suivre.

Références :

[1] History of weight cycling does not impede future weight loss or metabolic improvements in postmenopausal women. Metabolism.

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