Les coaches sportifs sont souvent sous pression pour maximiser la performance de leurs athlètes et équipes. Ils utilisent, souvent de bonne foi, les dernières techniques psychologiques et idées à la mode dont beaucoup n’ont pourtant aucun fondement scientifique.

Voici quelques exemples de techniques qui sont largement utilisées par les coaches sportifs, mais qui n’ont pour autant pas d’éléments de preuves scientifiques pour les soutenir.

Les styles d’apprentissage

Les styles d’apprentissage supposent que les individus ont une préférence innée de la façon dont ils doivent être entrainés, et que cela influencerait leur apprentissage. Par exemple, cette théorie affirme que certaines personnes vont mieux apprendre en regardant une pratique ou technique (apprentissage visuel), tandis que d’autres le feront mieux en apprenant la description d’une technique particulière (apprentissage auditif), et d’autres encore en pratiquant le mouvement ou la pratique (apprentissage kinesthésique.)

Selon cette théorie, un athlète pourrait mieux apprendre à servir au tennis en regardant son entraineur faire un service, alors que d’autres pourraient mieux apprendre en écoutant une description de la façon dont il faut frapper la balle pour servir. D’autres enfin pourraient mieux apprendre en pratiquant les mouvements.

C’est une croyance largement répandue, souvent mise à l’honneur par des instances sportives. De nombreux entraineurs croient que les athlètes ont leur propre style préféré d’entrainement [1]. Cependant, il n’existe pas de preuve scientifique ayant montré que l’apprentissage est amélioré via les styles visuels, auditifs ou kinesthésiques quand ils sont comparés à des instructions qui ne se focalisent pas sur les sens.

La programmation neurolinguistique

Les adeptes de la programmation neurolinguistique (PNL) affirment que les mouvements des yeux révèlent les pensées. Par exemple, si une personne regarde vers la gauche ou vers la droite, elle essaye de visualiser quelque-chose, comme une nouvelle technique/aptitude, mais si une personne regarde vers le bas à droite, elle pense à des sentiments/sensations.

Les partisans de la pratique déclarent que les coaches pourraient utiliser cette information pour identifier ce que pense un athlète et pour l’aider à changer ses pensées. Si un athlète pense à ses sensations/sentiments immédiatement avant que la compétition démarre, tel que révélé par les mouvements de ses yeux, cela pourrait compromettre sa performance. En tant que tel, l’entraineur pourrait demander à l’athlète de se focaliser sur les tactiques ou des pensées spécifiques relatives à la compétition à venir et puis à enregistrer les mouvements oculaires de l’athlète pour voir s’il a réussi.

La PNL affirme que les comportements et les pensées des athlètes de haut niveau peuvent être modélisés pour aider les autres athlètes à s’améliorer. Les coaches utilisent donc ce modèle pour aider leurs propres athlètes.

Par exemple, si les meilleurs golfeurs montrent qu’ils se concentrent sur la cible et le déplacement de la balle quand ils se préparent à frapper la balle, les entraineurs pourraient utiliser la PNL pour apprendre à leurs golfeurs à améliorer leur jeu en faisant de même.

Les avocats de la PNL proposent de nombreuses anecdotes sur la façon dont cela a transformé la performance ou la vie de certains individus, mais il n’existe pas de preuve empirique convaincante pour soutenir ces affirmations.

La gymnastique cérébrale

La gymnastique cérébrale comprend une série de mouvements simples, comme de toucher votre talon gauche avec votre main droite et puis votre talon droit avec votre main gauche, ou de placer le pouce et l’index de chaque côté des os de la poitrine, pendant que votre autre main frotte l’estomac. L’objectif de ces mouvements est, parait-il, d’améliorer la coordination et de rendre les mouvements plus efficaces.

Les partisans de cette méthode affirment aussi que le fait de faire ces mouvements augmenterait la motivation et la concentration. Tout ceci devrait, potentiellement, bénéficier aux athlètes, mais il n’y a pas de preuves que cela marche vraiment.

L’indicateur typologique Myers-Briggs

Beaucoup d’organisations sportives utilisent Myers-Briggs, qui est un questionnaire pour évaluer les types de personnalités et décider s’il faut recruter un athlète pour une équipe ou programme. Les entraineurs utilisent aussi Myers-Briggs pour les aider à comprendre comment leurs joueurs se comportent et prennent des décisions, ainsi peuvent-ils communiquer plus efficacement avec leurs athlètes ou joueurs.

Bien que la technique soit populaire, certains experts ont exprimé des doutes sur le sujet. Le problème le plus important est qu’elle classe les gens en larges catégories, telles que les “introvertis” et les “extravertis”. Mais cette approche est trop simpliste et elle ne prend pas complètement en compte la complexité de la personnalité.

Comme la personnalité reste relativement stable durant toute la vie, l’”indicateur” d’un individu devrait être le même si le questionnaire est complété par la même personne une semaine, un mois ou six mois plus tard. Pourtant, des études ont montré que les indicateurs Myers-Briggs changent, ce qui soulève des questions à propos de sa fiabilité pour ce qui est d’évaluer la personnalité [2].

L’approche Action Types

ActionTypes est une combinaison de styles d’apprentissage, de pratiques pour stimuler le cerveau et les styles de mouvements qui sont similaires à la gymnastique cérébrale.

Les partisans et avocats de cette méthode, comprenant des entraineurs professionnels, déclarent que cela les aide à mieux comprendre leurs joueurs et permet aux joueurs de mieux comprendre leur propre corps. Mais comme l’information à propos de cette approche est difficile à obtenir, et qu’il n’y a pas d’études publiées, on ne peut qu’en conclure qu’ActionTypes n’est pas une méthode crédible pour les coaches.

Les entraineurs devraient plutôt faire reposer leurs actions et faire confiance en des idées et pratiques reposant sur des éléments de preuves tangibles qui les informent de leurs travaux, ce qui n’est pas toujours le cas [3].

De nombreux entraineurs ont recours à des méthodes qui ne sont pas scientifiques (comme celles citées ci-dessus), et beaucoup de ces méthodes douteuses sont présentées pendant des programmes de formation d’entraineurs, qui sont créées par des instances sportives nationales. Il s’agit d’une tendance inquiétante qui a un impact sur la performance des stars du sport actuelles et futures.

Références :

[1] The Prevalence of Pseudoscientific Ideas and Neuromyths Among Sports Coaches. Front. Psychol., 2018.

[2] Cautionary comments regarding the Myers-Briggs Type Indicator. APA PsycNET Direct.

[3] The Prevalence of Pseudoscientific Ideas and Neuromyths Among Sports Coaches. Front. Psychol., 2018.

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