Une recherche [1] suggère qu’un composé abondant dans l’alimentation de type méditerranéenne éloigne la “superpuissance” des cellules cancéreuses qui leur permet d’échapper à la mort. En modifiant une étape très spécifique de la régulation du gène, ce composé rééduque essentiellement les cellules cancéreuses en cellules normales qui meurent comme prévu.

L’une des façons par lesquelles les cellules cancéreuses prospèrent est en bloquant un processus qui les ferait mourir dans un cycle régulier soumis à un programme strict. Cette étude sur les cellules, de chercheurs de l’Université de l’Ohio, a découvert qu’un composé présent dans certains aliments à base de légumes, appelé l’apigénine, pourrait stopper le blocage de la mort des cellules du cancer du sein.

La majeure partie de ce qu’on sait des bénéfices pour la santé des nutriments repose sur des études épidémiologiques qui montrent des relations fortement positives entre le fait de manger des aliments spécifiques et une meilleure santé, surtout concernant les maladies cardiovasculaires. Mais la façon dont ces molécules réelles présentes dans ces aliments bons pour la santé œuvrent dans le corps demeure toujours un mystère dans de nombreux cas, et tout particulièrement avec les aliments associés à une réduction du risque de cancer.

Le persil, le céleri et le thé à la camomille sont les principales sources d’apigénine, mais on la trouve aussi dans de nombreux fruits et légumes.

Les chercheurs ont aussi montré par leurs travaux que l’apigénine se lie à 160 protéines dans le corps humain, ce qui suggère que d’autres nutriments sont associés à des bénéfices pour la santé, ceux qu’on surnomme les “alicaments”, qui pourraient avoir des effets similaires de grande envergure. A contrario, la plupart des médicaments pharmaceutiques ne cible qu’une seule molécule.

“Nous savons que nous avons besoin de manger sainement, mais dans la plupart des cas nous ne connaissons pas les raisons mécaniques réelles expliquant pourquoi nous devons le faire” dit Andrea Doseff, co-auteure de l’étude. “Nous voyons ici que l’effet bénéfique sur la santé est attribué à ce nutriment alimentaire qui affecte plusieurs protéines. Dans sa relation avec un ensemble de protéines spécifiques, l’apigénine rétablit le profil normal des cellules cancéreuses. Nous pensons que cela peut être d’une grande valeur clinique en tant que stratégie potentielle de prévention contre le cancer.”

Doseff et ses collègues ont étudié la génomique de l’apigénine et d’autres flavonoïdes, une famille de composés des plantes dont on pense qu’ils préviennent la maladie.

Le fait d’avoir découvert que l’apigénine peut influencer le comportement des cellules cancéreuses est un résultat important de leurs travaux. Grâce à ses expériences, l’équipe a établi que l’apigénine avait des relations avec des protéines qui ont trois fonctions spécifiques. Parmi les plus importantes est la protéine appelée hnRNPA2.

Cette protéine influence l’activité du RNA messager, ou mRNA, qui contient les instructions nécessaires pour produire une protéine spécifique. La production de mRNA résulte de l’épissage [2], ou de la modification, du RNA qui sert de fonction à l’activation d’un gène. La nature de la modification influence quelles instructions contient le mRNA pour les protéines.

Doseff notait qu’on estime qu’un épissage anormal est le coupable dans 80% de tous les cancers. Dans les cellules cancéreuses, deux types d’épissage se produisent quand seulement un survient dans une cellule normale, une astuce des cellules cancéreuses pour rester en vie et se reproduire.

Dans leur étude, les chercheurs ont observé que la connexion de l’apigénine à la protéine hnRNPA2 restaurait cette caractéristique de simple modification dans les cellules du cancer du sein, ce qui suggère que quand l’épissage est normal, les cellules meurent bien de la façon qui est programmée, ou deviennent plus sensibles aux médicaments de chimiothérapie.

“En appliquant donc cet élément nutritif, nous pouvons activer cette machinerie tueuse. Le nutriment a éliminé la forme d’épissage qui a bloqué la mort de la cellule” dit Doseff. “Ainsi, cela suggère que quand nous mangeons sainement, nous favorisons en même temps une forme d’épissage plus normale à l’intérieur des cellules de notre corps.”

Les effets bénéfiques des alicaments ne se limitent pas au cancer, comme les scientifiques l’ont précédemment montré avec les activités anti-inflammatoires de l’apigénine. Ils ont noté qu’avec ses multiples cibles cellulaires, l’apigénine offre potentiellement une variété de bénéfices supplémentaires qui pourraient même apparaitre avec le temps. “Le nutriment cible plusieurs joueurs, et en faisant cela, vous pouvez obtenir une synergie globale de l’effet” explique Grotewold.

Références :

[1] Proceedings of the National Academy of Sciences.

[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89…

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