La saison des beaux jours se profile. Pour la plupart d’entre nous, le décompte a commencé vers ces journées de farniente autour de la piscine ou au bord de la mer. Pourtant, nombreux sont ceux dont les préoccupations ne sont pas de choisir leur nouvelle paire de lunettes de soleil, ni de jouer au volley sur la plage, mais de rapidement perdre ces deux ou trois kilos amassés pendant l’hiver afin d’être le plus beau en maillot de bain.
Ce n’est un secret pour personne que le régime peut constituer un défi, et l’envie irrésistible de manger un aliment particulier peut le rendre encore plus difficile à respecter. Mais pourquoi a-t-on ce désir intense de manger certains aliments ? Bien que l’envie pressante d’aliments soit une expérience fréquente, les chercheurs n’ont que récemment étudié comment ces envies apparaissent. Les psychologues scientifiques Eva Kemps et Marika Tiggemann, de l’Université Flinders en Australie, ont analysé les dernières études sur les envies alimentaires et comment ils pourraient le contrôler dans le journal Current Directions in Psychological Science [1].
Nous vivons tous des expériences de faim (où nous mangeons tout ce qui nous passe sous la main), mais ce qui rend les envies de certains aliments différents de la faim est leur spécificité. Nous ne voulons pas seulement manger quelque-chose ; au lieu de cela, nous voulons des frites, des chips, un barbecue, du chocolat, une glace ou des fraises.
Nombreux sont ceux qui vivent ces envies alimentaires de temps en temps, mais pour certains, ces envies peuvent poser de sérieux problèmes pour leur santé. Par exemple, les envies alimentaires ont provoqué des épisodes d’hyperphagie, qui peuvent conduire à l’obésité et aux désordres alimentaires. En outre, céder aux envies alimentaires peut provoquer des sentiments de culpabilité et de honte.
D’où viennent ces envies alimentaires irrésistibles ? Plusieurs recherches suggèrent que l’imagerie mentale pourrait être un composant clé des envies alimentaires, quand les gens ont un désir intense d’un aliment spécifique, ils ont des images distinctes de cet aliment. Les résultats d’une étude ont montré que la force des envies des participants était associée à la façon dont ils imaginaient clairement l’aliment.
L’imagerie mentale (le fait d’imaginer un aliment ou autre-chose) utilise des ressources cognitives, ou de la puissance cérébrale. Des études ont montré que quand les sujets imaginaient quelque-chose, ils avaient du mal à compléter différentes tâches cognitives. Dans une expérience, les volontaires qui avaient envie de chocolat mémorisaient moins de mots et prenaient plus de temps à résoudre des problèmes de mathématiques que les volontaires qui n’avaient pas envie de chocolat.
Ces associations entre les envies alimentaires et l’imagerie mentale, à côté des découvertes que l’imagerie mentale mobilisait des ressources cognitives, pourraient permettre d’expliquer pourquoi les envies alimentaires peuvent être si perturbant : quand nous imaginons un aliment spécifique, une grande part de la puissance de notre cerveau est focalisée sur cet aliment, et nous avons du mal à réaliser d’autres tâches.
Les résultats d’une recherche suggèrent que cette association pourrait tout aussi bien fonctionner dans la direction contraire : il pourrait être possible d’utiliser les tâches cognitives pour réduire les envies alimentaires. Les résultats d’une expérience ont révélé que des volontaires qui avaient envie d’un aliment ont rapporté avoir réduit cette envie après avoir formé des images de choses habituelles (par exemple, on leur a demandé d’imaginer l’apparence d’un arc-en-ciel) ou d’odeurs (on leur a demandé d’imaginer l’odeur de l’eucalyptus).
Dans une autre expérience, des volontaires qui avaient des envies de nourriture ont regardé un ensemble clignotants de points noirs et blancs sur un écran (identiques à ceux du “brouillard” d’une télévision non réglée). Après avoir regardé ces points, ils ont rapporté une diminution de la vivacité de leurs images d’envies alimentaires, tout comme une réduction de leurs envies. Selon les chercheurs, ces résultats indiquent que “se lancer dans une tâche visuelle simple semble être prometteur en tant que méthode pour réprimer les envies alimentaires.”
Les auteurs suggèrent que les “implémentations du monde réel pourraient comprendre la mise en place d’un bruit visuel dynamique par des technologies existantes, telles qu’un téléphone portable, ou des appareillages mobiles.” Ils concluent que ces approches expérimentales pourraient s’étendre aux envies incontrôlables de nourriture, et avoir des implications dans la réduction d’autres substances comme les drogues ou l’alcool.
Références :
[1] A Cognitive Experimental Approach to Understanding and Reducing Food Cravings. Current Directions in Psychological Science.